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Maison Le Callennec

Présentation du Studio.

Qui se cache derrière le studio?

Nous sommes deux : Eline Le Callennec & Mickaël Charbonnel

Racontes-nous ton parcours.

Eline : Nous avons créé la Maison en 2018, alors que nous travaillons tous les deux comme directeurs artistiques dans la mode et la publicité. Nous avons baigné dans le monde du luxe à Paris et à Londres (Alexander McQueen, Roger Vivier, Marie Katrantzou, McLaren automobile) avant d’établir notre propre studio. Notre marché est plutôt orienté mode haut de gamme même si des marques de déco et papeterie font maintenant appel à nous.

Mickaël : Et puis nous avons aussi développé notre savoir-faire en impression textile et créé des partenariats avec des imprimeurs, qui étaient nos fournisseurs, pour proposer la création et la production d’imprimés.

Décris-nous ton style.

Eline : Le studio produit deux collections de motifs annuelles ainsi que des commandes de dessins sur brief tout au long de l’année. Sur le fil des tendances on peut jouer sur des motifs très colorés, à la fois traditionnels avec des illustrations à l'aquarelle mais aussi sur des designs ultra numériques. Mais tout en étant attirés par l’expérimentation nous recherchons un style qui inspire, qui s’approprie facilement et qui s’intègre à l’ADN des marques pour lesquelles on travaille.

Mickaël : Nous travaillons à 4 mains ce qui apporte beaucoup de richesse esthétique, de techniques différentes et au final de l’innovation graphique.

Quelles sont tes inspirations/influences principales?

La rue est un lieu d’inspiration infini rempli d’une énorme diversité de gens. À Paris nous avons la chance d’avoir beaucoup de rues différentes dans lesquelles foisonne la créativité. Il suffit d’observer.

Le lieu qui t’inspire le plus?

Eline : Les archives textiles du Victoria & Albert museum. Plusieurs siècles d’échantillons d’imprimés préservés dans des salles au cœur de ce monument victorien, un endroit mystique.

Mickaël : La ville d’Arles, ma ville natale. Ce n’est bien sûr pas objectif ! Il y a un mélange de mystère et d’exubérance, dans cet endroit qu’on dirait figé dans la lumière du sud.

Qu’est-ce qui a déclenché ta passion pour les imprimés?

Eline : Une famille dans l’industrie de la broderie mécanique et de la dentelle, petite je me promenais dans l'usine et voyais les dessinateurs travailler sur leur motifs et je feuilletais les vieux albums d'échantillons imprimés. Et puis plus tard, la découverte de la sérigraphie à l'école, procédé magique!

Mickael : Les “dazzle” camouflages des bateaux de la marine anglaise, de Norman Wilkinson. Des motifs géométriques gigantesques destinés à perturber la vision des ennemis, et qu’on continue de retrouver dans la mode et la déco aujourd’hui. je crois que ça m’a fait m'intéresser à l’importance des motifs dans notre quotidien.

Ton premier souvenir imprimé.

Eline : Un sweat US typique 90s vert émeraude imprimé avec une encre gonflante blanche (c'était cool et nouveau à l'époque) offert par des amis américains de mes parents, j'avais 8 ans.

Mickaël : Ma grand-mère et ma mère tenaient des boutiques de tissu. Le dimanche elles dossaient les rouleaux sur des planches pour les mettre en rayon la semaine, et moi je regardais les motifs.

Décris ton processus de création.

Eline : Nous commençons avec des lectures, magazines, défilés, expos, recherches iconographiques pour en dégager des thèmes qui nous plaisent et que nous pensons être dans les tendances à venir. Nous en dégageons plusieurs planches d'inspiration avec chacune leur gamme colorée. Une fois les thèmes aboutis nous commençons à esquisser et dessiner les motifs de demain.

Mickaël : Quand on travaille à la commande c’est un peu le même principe mais en intégrant nos interlocuteurs dans la démarche au maximum.

Quel est ton médium préféré? Et pourquoi?

Eline : J'aime le mélange de techniques mais avec une préférence pour l'aquarelle et les encres pour la délicatesse de leurs nuances et des lavis, généralement retravaillé à la plume ou au stylos fins noirs. Je me suis mise récemment à dessiner sur l'Ipad qui permet beaucoup de liberté.

Mickael : À l’inverse je suis plus à l’aise derrière un écran, j’aime fabriquer mes outils dans le monde digital, expérimenter avec les logiciels, découvrir des formes auxquelles je n’avais pas pensé.

Quelle musique écoutes-tu en travaillant?

Eline : En ce moment c'est très "Brasil". J'écoute France Inter, de l'électronique et du rock des années 70. Sans oublier France Gall, Gainsbourg à fond le vendredi ou alors du classique au casque quand j'ai besoin d'être vraiment concentrée. C'est très éclectique!

Mickaël : Généralement j’écoute ce qu’écoute Eline, surtout le Vendredi...

Quelle est la partie que tu préfères dans ton métier?

Eline : Toute la partie recherche et conception, les associations colorées (j'aime la direction artistique) , c'est à chaque fois nouveau et excitant. D’entendre nos clients satisfaits est très gratifiant et de voir nos motifs imprimés vivre sur des produits finis et d’autant plus grisant. Sachant que c'est principalement imprimé entre 6 mois et 2 ans après sa réalisation, il faut être très patient!

Mickael : Savoir que j’ai compris ce dont un client a besoin et la sensation d’avoir une bonne idée!

Pour quel type de produits ou secteurs travailles-tu?

Eline : Nous travaillons principalement pour le prêt-à- porter haut de gamme femme et homme. Pour certaines demandes nous travaillons parfois sur de l’enfants, de la déco et du packaging.

Quels sont les salons sur lesquels tu exposes?

Eline : Première Vision Design et Interfilière

Quel est ton meilleur souvenir de salon?

Eline : Nos deux premiers dessins vendus à une société russe, qui a réglé en billet de 100 Euros! On s'est pris pour des gangsters.
Mickaël : Un client japonais qui se prend en photo avec nous.

Que souhaites-tu accomplir dans le futur?

Eline : Plus de collaborations artistiques avec des marques et des éditeurs.
Travailler avec des agents commerciaux et agrandir le studio avec de nouveaux talents.

Le plus gros challenge que tu as relevé en tant que designer?

Eline : Tout gérer en même temps : l'entreprise, les collections, les clients, la vie de famille.
Mick : La prochaine commande ?

Quels conseils voudrais-tu donner aux nouveaux designers qui se lancent?

Eline : N’attendez pas que les projets ou missions arrivent. Allez les chercher, vous-en êtes capable, vous ferez des rencontres surprenantes (aussi bien positives que négatives). Gardez le cap en dépit des obstacles et n’oubliez pas que vous le faites parce que vous aimez ça!

As-tu vu le métier changer ?

Eline : Sans aucun doute. L’arrivée de l’impression numérique et des nouvelles technologies a permis une plus grande liberté de création sans restriction de couleurs avec des possibilités de designs infinies.

Apprécies-tu ou regrettes-tu des choses dans ce changement ?

Eline : On aime la nouveauté, le changement. Avec une société tournée de plus en plus vers l’image, les motifs prennent une importance commerciale toujours grandissante. Le designer doit sans cesse s’adapter et comprendre le contexte dans lequel il évolue pour proposer des designs en adéquation avec son temps.